Coup d'oeil dans le rétro - MotoGP : Honda contre Yamaha, le match des légendes

Des chiffres stratosphériques
Pour saisir à quel point la rivalité entre les deux entités nipponnes est forte, il faut dans un premier temps se pencher sur leur palmarès. Depuis ses débuts en 1959 dans le championnat du monde de vitesse moto, Honda a glané la bagatelle de 689 victoires, dont 261 dans la catégorie reine (500 cm3 puis MotoGP en 2002) pour un total de 63 titres mondiaux. Yamaha a débuté deux ans plus tard, en 1961, pour comptabiliser à ce jour 482 succès dont 203 dans l'élite des deux-roues et 35 championnats enlevés.
Ces statistiques impressionnantes, les deux géants sont allés les chercher sur et en dehors de la piste. Le duel entre Freddie Spencer et Kenny Roberts lors de la saison 1983 est encore dans les mémoires et reste à ce jour l'affrontement qui traduit le plus la rivalité intense entre les deux géants nippons. Cette année-là, les deux pilotes américains se sont partagés les douze courses du championnat avec six victoires chacun mais c'est finalement Spencer qui a triomphé sur Honda pour deux petits points d'avance.
A l'usine, la concurrence entre les constructeurs nippons a fait rage sur le plan technique avec une confrontation qui a connu son apogée dans les années 1970. Au programme : un match entre le moteur quatre-temps d'Honda et le deux-temps de Yamaha. Deux philosophies différentes pour un duel qui a tourné à l'avantage de Yamaha avec les succès du Roi Giacomo Agostini en 350 et 500 cm3.
Deux philosophies différentes
Au-delà de cette rivalité sportive hors du commun, les deux marques sont aussi des structures totalement différentes sur le plan culturel. Aujourd'hui encore, le Japon conserve les stigmates de son histoire féodale et le régionalisme est une donnée importante dans les esprits nippons. Basé à Tokyo, Honda incarne la puissance de la capitale et dégage un sentiment de supériorité à tous les niveaux, que ce soit sur le plan humain et financier.
A l'opposé, Yamaha fait office de David contre Goliath avec son bastion se situant dans la région de Hamamatsu, au sud du pays. Forcément, le "petit" se veut plus ouvert que l'aîné et le dialogue entre les différents maillons de la hiérarchie a contribué au renouveau de la marque au début des 2000, même s'il a fallu pour cela l'arrivée Masao Furusawa à la tête de l'équipe afin de restructurer une entité arrivant à bout de souffle.
Honda : l'institution avant tout
Cette différence de cultures entre les deux géants japonais, de nombreux champions l'ont vécu et parfois même subi, Valentino Rossi le premier. Le nonuple champion du monde italien a éclaboussé la catégorie reine de son talent en empochant trois titres avec Honda en seulement quatre saison. Une performance remarquable mais pas assez mise en valeur par la firme de Tokyo au goût du pilote transalpin. Conséquences immédiates ? Un transfert chez Yamaha en 2004, quatre championnats du monde enlevés et 49 victoires. Magistral.
Aujourd'hui, si l'institution Honda demeure au premier plan, le pilote occupe une place plus importante dans l'équipe dirigée par Shuhei Nakamato et le double champion du monde Marc Marquez symbolise à lui tout seul ce changement de philosophie. Dès son arrivée dans la catégorie reine en 2012, l'Espagnol a imposé au team nippon la présence de l'ingénieur Santi Hernandez et du mécanicien Carlos Liñan, chose qui n'aurait jamais été possible dix ans auparavant. Quelques mois plus tard, Javi Ortiz, Jordi Castellà et Hugo Bucher ont suivi, ce qui a permis au Catalan de reconstituer sa "Dream Team" lors de son titre acquis en Moto2.
En 2015, le génie Marquez et la légende Rossi vont à nouveau croiser le fer pour marquer un peu plus l'histoire de leur discipline et il ne faut pas oublier leurs coéquipiers respectifs, à savoir Dani Pedrosa et Jorge Lorenzo. Ceux que le grand public surnomme "les quatre Fantastiques" nous livreront à coup sûr de belles batailles qui font du MotoGP un sport exceptionnel.