Fillon rejette toute forme de protectionnisme

Le Premier ministre français, en déplacement à Bruxelles, a par ailleurs estimé que la coordination des plans de relance européens devait se poursuivre si les Vingt-Sept voulaient venir à bout d'une crise "profonde et longue".
"La France ne fait pas de protectionnisme", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse conjointe avec le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. "Il n'y a pas de protectionnisme (...) car la France n'impose aucune condition à ses constructeurs quant à leurs investissements à l'intérieur de l'Union européenne", a-t-il ensuite fait valoir.
"Simplement, la France demande aux constructeurs pendant la durée du prêt qui leur est consenti de ne pas fermer de site d'assemblage sur le territtoire national", a-t-il encore noté, en estimant que les contribuables français ne l'accepteraient pas.
Nicolas Sarkozy a annoncé lundi le déblocage de prêts d'un montant total de 6,5 milliards d'euros à taux préférentiels destinés à PSA Peugeot Citroën et Renault, en contrepartie notamment du maintien de leurs unités de production françaises. La Commission européenne a immédiatement demandé des détails sur ce plan, faisant part de ses "préoccupations" quant au respect des règles communautaires en matière d'aides d'Etat et de marché unique.
Plus tôt dans la journée, lors d'une rencontre avec le Premier ministre belge, Herman Van Rompuy, François Fillon avait insisté sur le fait que l'industrie automobile française était la plus déployée sur le territoire européen. Les constructeurs français produisent actuellement des voitures en République tchèque, en Slovaquie, en Slovénie, en Espagne, au Portugal et en Grande-Bretagne, a-t-il dit.
Conforme aux règles de l'Europe
Le Premier ministre a également indiqué que le meilleur moyen de combattre le "danger du protectionnisme" était d'aller plus avant dans la coordination des plans de relance dans l'UE. "Les mesures de relance doivent être coordonnées (...) pour éviter les effets pervers liés à des politiques qui ne seraient pas suffisamment cohérentes d'un Etat à l'autre", a-t-il estimé.
Il a enfin défendu à Bruxelles l'idée que les mesures prises par la France étaient en complète conformité avec les règles communautaires de concurrence. "Les mesures que nous venons de prendre sont des mesures qui s'inscrivent parfaitement dans le cadre des traités", a-t-il dit devant le Premier ministre belge. "Les conditions que nous avons mises sont parfaitement compatibles avec les règles de la concurrence", a-t-il continué, expliquant que le plan s'inscrivait dans le régime général des prêts bonifiés déjà notifié à la Commission européenne et validé par Bruxelles le 3 février.
"Je pense que quand les collectivités locales, en particulier en Allemagne, aident les constructeurs automobiles, elles y mettent les conditions du maintien de l'emploi sur le territoire national", a-t-il ensuite ajouté, faisant remarquer que le plan français faisait appel à des mécanismes déjà en vigueur sur le territoire des Vingt-Sept.
Interrogé sur ce point, Herman Van Rompuy est resté prudent et a considéré qu'il revenait aux instances européennes de se prononcer. "J'appartiens à ceux qui sont soucieux de l'application des règles de la saine concurrence, de la concurrence loyale dans le marché intérieur européen", s'est-il limité à déclarer.
José Manuel Barroso a de son côté rappelé que les effets collatéraux du plan français seraient étudiés de très près par la Commission, pour déterminer si des Etats membres ne se trouvaient pas lésés. La France doit transmettre mardi prochain les détails du plan à la Commission européenne.
(avec agences)