Formule 1 : du Rififi chez Renault

L'ingénieur Denis Chevrier, bras droit du directeur technique à l'usine moteur de Viry-Châtillon et considéré comme l'homme clé des moteurs Renault depuis le départ de Bernard Dudot a été mis à pied et confiné dans son bureau.
Depuis l'absence de pilotes français en Grand Prix, Denis Chevrier était devenu au fil des saisons "l'homme providentiel" des medias en ces années de disette . Il était même "la voix" pour les radios françaises et de TF1 qui lui ouvraient régulièrement leurs micros : l'ingénieur alimentant ainsi la presse tricolore sur les performances des monoplaces Françaises.
Mais en interne, la "musique" était loin d'être idyllique, car année après année, le courant ne semblait plus passer entre le patron, Flavio Briatore et l'ingénieur. A cela plusieurs raisons...
Comme tout bon ingénieur qui se respecte, Chevrier prônait la recherche et le développement incessant de son département, celui des moteurs basés en banlieue parisienne, cependant que l'écurie Renault, depuis le rachat de l'équipe Benetton est installée en Angleterre à Enstone.
A écouter ce qui se murmure en interne, Chevrier n'aurait pas compris ou pas admis que le monde a changé et la F1 évoluée.
Alors entre un grand patron, Carlos Ghosn qui prône lui les économies et un ingénieur qui pense peut-être légèrement différemment, Flavio Briatore a visiblement tranché et écarté Denis Chevrier. Il faut aussi préciser que marié avec l'une des journalistes qui couvre les GP pour le grand quotidien sportif Français "L'Equipe", Denis Chevrier bénéficiait en permanence d'une large tribune, pour tenter de faire passer son point de vue ces dernières années. Alors entre son interprétation, relayée très régulièrement par le quotidien et la réalité, le clash a fini par se arriver.
Agé de 54 ans, Denis Chevrier avait débarqué dans l'écurie Renault en 1985. Auparavant il officiait dans les compétitions motos. A son arrivée chez Renault, en pleine période des moteurs turbos, il avait été affecté comme responsable Renault Sport auprès de la défunte équipe Tyrrell dés 1986, laquelle alignait le Britannique Martin Brundle et le Français Philippe Streiff. Ensuite, il avait travaillé avec Benetton du temps de Jean Alesi.
Ces deux dernières saisons, il travaillait chez Red Bull Racing, passée sous moteurs Renault.
A Jerez de la Frontera ou le Team Red Bull tourne depuis lundi, les techniciens Français de la firme au losange, se sont montrés relativement discrets. Se contentant de déclarer : "Nous regrettons son départ. On ne se sépare pas impunément d'un homme qui a travaillé chez nous pendant vingt-cinq ans".
Son remplaçant aurait déjà été nommé en la personne de Rob White, le patron de l'usine de Viry-Chatillon, secondé sur les circuits par Rémi Taffin, l'ancien ingénieur responsable des moteurs de la monoplace de Fernando Alonso.
Gilles Gaignault