General Motors, Ford puis Toyota, pourquoi Donald Trump attaque-t-il les groupes automobiles et peut-il vraiment changer la donne ?
Pour débuter 2017, pas de meilleurs voeux pour le nouveau président des Etats-Unis d’Amérique, élu le 8 novembre dernier, attaquant directement le secteur automobile. Bien qu’il ne rentre en fonction que le 20 janvier prochain, Donald Trump tente déjà d’influencer les décisions des constructeurs, surement en partant de la liste des plus grandes ventes enregistrées en 2016.
General Motors is sending Mexican made model of Chevy Cruze to U.S. car dealers-tax free across border. Make in U.S.A.or pay big border tax!
dash; Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 3 janvier 2017
Petite précision : la Chevrolet Cruze est bien fabriquée au Mexique, mais seulement dans sa version 5 portes à hayon “hatchback”, populaire dans le pays mais beaucoup moins sur le territoire étasunien, contrairement à la classique 4 portes, assemblée aux Etats-Unis dans l’usine de Lordstown dans l’Ohio. Déjà plus chère que la berline d’environ 1.000 euros, la Hatchback voit davantage son avenir menacé, puisque General Motors a le choix entre appliquer les 35% de taxes - augmentant le tarif de base de 7.850 dollars - ou de relocaliser la construction dans l’Ohio, avec donc une augmentation du prix, conséquence du transfert et de la main d’oeuvre plus onéreuse. Ou alors, étant données les ventes négligeables, la Chevrolet Cruze Hatchback pourrait être simplement retirée du catalogue.
Quelque soit le scénario, le consommateur en pâtit, soit par l’augmentation du prix ou l’absence de choix, et l’économie américaine n’en ressortirait aucunement meilleure.
La Chevrolet Cruze hatchback présentée au Salon de Détroit 2016
Thank you to Ford for scrapping a new plant in Mexico and creating 700 new jobs in the U.S. This is just the beginning - much more to follow
dash; Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 4 janvier 2017
Le constructeur japonais n’a pas de racine aux Etats-Unis, mais est très lié au pays car y étant le numéro 3, accumulant 2.45 millions de ventes l’an dernier, non loin de Ford. Le 6 janvier 2017, soit 3 jours après General Motors et la décision brutale de Ford, Toyota est le troisième sur la liste de Donald Trump, ayant envoyé un tweet agressif :
“Toyota Motor a déclaré construire une nouvelle usine à Baja au Mexique afin de produire les Corolla pour les Etats-Unis. PAS QUESTION ! Construisez aux Etats-Unis ou payez les taxes d’importation.
Toyota Motor said will build a new plant in Baja, Mexico, to build Corolla cars for U.S. NO WAY! Build plant in U.S. or pay big border tax.
dash; Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 5 janvier 2017
Plutôt que d’ignorer comme General Motors ou de se contracter comme Ford, Toyota a répliqué dans un communiqué :
“Toyota fait partie du patrimoine industrielle des Etats-Unis depuis 60 ans. Le volume de production et l’emploi dans le pays ne sera pas réduit malgré notre nouvelle usine de Guanajato au Mexique, annoncée en avril 2015. Avec non moins de 22 milliards d’euros directement investis aux Etats-Unis, 10 usines d’assemblages , 1.500 concessionnaires et 136.000 employés, Toyota va collaborer avec le gouvernement Trump afin de servir les intérêts des consommateurs et l’industrie automobile.”
La Toyota Corolla américaine millésime 2017
Le groupe nippon va donc “collaborer", mais ne cèdera pas aux injonctions de Donald Trump. Il précise par ailleurs être “le plus petit importateur de véhicules en provenance du Mexique en 2016”, et que “160.000 voitures fabriquées aux USA ont été exportées dans 40 pays en 2015”.
La Corolla, berline compacte, est l’une des voitures les plus vendues du marché américain, avec 378.210 exemplaires rien qu’en 2016, étant ainsi le modèle numéro 2 juste derrière la Camry (388.618 unités) et devant le RAV4 (352.154 unités). Pour vous donner une ordre de grandeur, la Corolla aux Etats-Unis représente plus que Peugeot en France (356.000 ex.).
Fiat-Chrysler (FCA), Honda et Nissan, respectivement 4ème, 5ème et 6ème groupes les plus populaires aux Etats-Unis en 2016, seront-ils les prochaines cibles de Donald Trump ? Affaire à suivre.