Interdit de Salon de Paris 1946, Pininfarina expose ses voitures devant le Grand Palais

Octobre 1946, la Seconde Guerre Mondiale a pris fin voilà plus d’un an. L’industrie automobile tente de renaître suite à des années difficiles, par le biais du grand constructeur FIAT, mais également des nombreux carrossiers tels que Gian Battista Farina, surnommé Pinin, ayant fondé la célèbre Carrozzeria Pininfarina en 1930.
Interdit de Salon
Ayant réalisé ses coups au Salon de l’automobile de Paris – Fiat 518 Ardita en
1932, Alfa Romeo 6C Pescara en 1935, Lancia Berlinetta Aerodinamica en 1936 -,
Battista a repris les affaires au lendemain de la Guerre et voulait revenir
dans la capitale française pour ses nouvelles créations, mais un problème l’en empêchât.
Après la défaite des Alliés, dont faisait partie l’Italie, les modèles
transalpins ont été interdits d’expositions, tout comme leurs homologues
allemands. Mais l’ambition de Battista Farina était trop forte pour le contenir
dans ses ateliers de Turin.
La Lancia Aprilia Cabriolet Pininfarina 1946
Tenace
Epaulé de son fils, un certain Sergio Pininfarina âgé alors de seulement 20 ans, il prend les clés de deux de ses nouveaux prototypes de cabriolet: une Lancia Aprilia bleu acier à quatre places et une Alfa Romeo 6C 2500S grise à 3 places au 6 cylindres essence 2,5 litres (la 6C est par ailleurs la seule Alfa construite entre 1938 et 1946). Il conduit la Lancia, et son fils l’Alfa, emmenant des amis de la famille, jusqu’à Paris pour le Salon de l’Auto.
Le carrossier se gare ainsi devant le Grand Palais, avenue Winston Churchill –
lieu de l’exposition – pour faire front à l’interdiction. Et son « anti-salon »,
comme il le nomme dans ses mémoires, fonctionne. Les visiteurs ainsi que les
passants s’intéressent aux deux véhicules, avant-gardistes face aux utilitaires
et vieux modèles.
Que sont devenues les voitures ?
Aujourd’hui, la Lancia est propriété d’un heureux acquéreur après la vente
Artcurial de juillet 2014 au Mans Classic, qui était estimée entre 300.000 et
400.000 euros. L'Alfa Romeo, vendue puis reprise par Farina pour sa conduite quotidienne, a été quasiment désassemblée, avant d'être restaurée (2 millions d'euros de frais...) par Chris Ohrstrom et exposé dans les Concours d'Elégance de Pebble Beach 2014 et Villa d'Este 2015.
Concernant Pininfarina, la création de l’année suivante, en 1947, fut la
Cisitalia, un énorme succès qui l’amènera sur le devant de la scène et à
collaborer avec Ferrari à partir de 1952. La suite, vous la connaissez...