Stationnement à Paris : En 2018, vous serez punis !

Les automobilistes parisiens ont rendu Anne Hidalgo furieuse. Et la maire de Paris a déjà trouvé le moyen de se venger. A partir du 1er janvier 2018, le marché des places de stationnement sera délégué à des gestionnaires privés. Ce changement de cap va engendrer une multiplication des contrôles et renflouer (considérablement) les caisses de la ville.
Faire du chiffre
300 millions d’euros. Ce chiffre correspond, selon la dirigeante de la ville, au manque à gagner creusé par les 91% d’automobilistes qui ne paient pas leur stationnement à Paris. Une telle perte allait forcément finir, tôt ou tard, par convaincre les décideurs d’engager des mesures fortes. Anne Hidalgo a déjà son plan de bataille, et elle en a révélé les grands axes au Journal du Dimanche. Ainsi, les 150.000 places de stationnement seront réparties en trois zones choisies géographiquement. Chacune d’entre elles fera l’objet d’un appel d’offres auprès de prestataires. Les trois gestionnaires –aucune entreprise ne pourra remporter deux zones, Hidalgo souhaitant éviter une situation de monopole – devront assurer un nombre minimum de contrôles fixé par la ville.
Privatisation du stationnement â Paris:Tel Villepin avec les autoroutes, Hidalgo privatise les profits! #Hausse des prix et impôts pr tous!
dash; Mahé Dominique (@domahe_mah) 23 octobre 2016
Augmenter les prix, puis les contrôles
Le tout ressemble fort à une privatisation. Mais en réalité, la ville conservera tout son pouvoir de décision : elle fixera les tarifs et amassera tous les bénéfices. Malin. Surtout que cette réforme intervient seulement deux ans après la gigantesque hausse des tarifs (+100% pour les résidents, +200% pour les visiteurs !) qui avait permis à la mairie de Paris d’augmenter ses revenus à hauteur de 106 millions d’euros en 2015, soit un accroissement de la recette d’environ 65% par rapport à l’année précédente.
A Paris comme ailleurs, refusons que la verbalisation du #stationnement soit privatisée ! Signez la pétition : https://t.co/O8EFMU0uMr pic.twitter.com/6EtxsX2QrO
dash; Simonnet Danielle (@Simonnet2) 21 octobre 2016
Moins de temps pour se garer ?
A terme, la mesure portera forcément ses fruits et augmentera le nombre de passages au parcmètre. Mais elle n’est, certainement pas, la plus judicieuse. Parce que la réticence des automobilistes à payer leur stationnement réside d’abord dans la dureté des prix. Comme l’avait révélé Le Parisien, la hausse avait largement abaissé le taux de respect du paiement du stationnement, le faisant passer de 14% en 2014 à 9% cette année, alors qu’il atteint quasiment les 30% au niveau national. Surtout, confier cette gestion à des organismes privés pourrait donner libre cours à certaines formes d’excès. Et certains opposants l’ont d’ores et déjà bien compris. "Une entreprise privée cherchera d’abord à dégager du profit", a noté Danielle Simonnet, conseillère à la mairie de Paris.
Pour l’automobiliste, il existerait un point positif : "cela améliorera au passage la rotation des voitures ! Il y aura moins de voitures « ventouses », les Parisiens et les visiteurs trouveront plus rapidement une place pour se garer", affirme, dans un raisonnement un peu facile, Anne Hidalgo. Mais la réalité du terrain sera certainement bien différente.