Les voitures émettent beaucoup plus de dioxyde de
carbone (CO2) dans la vie réelle qu’en théorie, ce n’est pas une surprise. Ce
qui l’est plus, c’est l’écart et la vitesse à laquelle il croît d’année en
année.
Le diesel toujours ciblé pour sa pollution
Selon un rapport de l’agence européenne Transport Environment émis le 28 septembre
2015, citant des chiffres de l’ICCT (International Council on Clean Transportation),
les émissions de CO2 seraient en moyenne 36% supérieures dans la vie de tous les
jours face au test théorique d’homologation européen (NEDC). De 124 g/km
théoriques, nos voitures émettent en réalité plus de 165 g/km de CO2.
Plus consternant, cet écart était inférieur à 20% en 2009, et d’environ 8% en
2001. Il pourrait même tutoyer les 50% en 2020 selon les estimations de l’agence.
Ainsi, les tests théoriques sont toujours plus éloignés de la réalité, et cela
touche tous les types de moteurs thermiques. Essence et diesel afficheraient
35% d’émissions en plus, un chiffre qui grimpe à près de 45% pour les véhicules
hybrides, favorisés par les manœuvres à basses vitesses et donc souvent exécutées
en électriques.
En effet, le test européen d’homologation des voitures soumet seulement 11 km
de roulage, à une moyenne de 33 km/h, et avec une accélération de 0 à 50 km/h
en… 24 secondes, le tout en température ambiante idéale. De plus, il est
possible de soustraire 4% aux résultats (marge d’erreur).
Ainsi, l’Union Européenne devrait appliquer en 2017 le nouveau cycle d’homologation
WLTP plus proche de la réalité, limitant l’écart à environ 23% en 2020. Mais
les constructeurs vont apprendre à contourner les légères contraintes de ces
tests pour afficher des consommations et émission de CO2 toujours plus basses,
portant de nouveau la différence à 31% dès 2025.
En réponse à cela, un protocole nommé RDE, plus proche de la réalité soumis par des associations,
pourrait réduire l’écart à 5%, mais n’a pas encore été officiellement étudié.
Les marques automobiles ont trouvéen conditions de tests d’homologation, n’ayant aucun impact sur notre roulage
réel : modifications moteur/transmission/alignement des roues, pneus ou
lubrifiants spéciaux, déconnexion de l’alternateur…
Et certains constructeurs sont plus doués pour optimiser leurs voitures. Selon
l’agence, Mercedes-Benz afficherait des écarts de plus de 50%, BMW entre 30 et
50%, une Peugeot 308 à 47%, une Toyota Yaris 30% ou 10% « seulement »
pour une Renault Twingo. Volkswagen, qui a avoué tricher sur ses moteurs
diesel, est dans la moyenne, avec une Golf à plus de 40%, les Polo et Passat
étant entre 30 et 35% d’écart avec la réalité.
Selon l’ICCT, « un écart de 30% peut être atteint à travers des
manipulations, mais certains dépassent les 50% ». Le groupe Volkswagen
(avec Audi, Skoda et SEAT), dont au moins dans le monde, ne serait pas seul…
L'ex-PDG de Volkswagen, Martin Winterkorn, s'excusant des triches le 23 septembre 2015