Hélène de Fougerolles : "Avec Balthazar, il y a une tension sentimentale et sexuelle beaucoup plus palpable"
Comment abordiez-vous cette seconde saison ?
Beaucoup mieux ! La première année, je tâtonnais un peu avec mon personnage. Je ne suis pas d’une nature autoritaire et je devais me mettre dans la peau d’une flic un peu dure. Je manquais de confiance en moi car je n’avais jamais tourné aussi longtemps dans un rôle qui me ressemblait si peu. Dans cette deuxième saison, j’ai pu mettre beaucoup plus de sensibilité et d’empathie, ce qui correspond à ma personnalité. J’avais aussi le sentiment d’être un peu en retrait par rapport à Tomer Sisley auparavant. A présent, j’ai l’impression que nous avons autant à jouer.
Dans cette saison, le capitaine Bach traverse une crise personnelle…
Oui, elle a appris que son mari la trompait, ses enfants lui reprochent leur séparation et ne veulent plus lui parler... Elle encaisse des choses difficiles ! Pourtant, nous avons insufflé plus de comédie - voire même parfois des moments un peu fous ! - malgré les événements dramatiques. Il y a aussi plus d’aspérité dans les personnages. Ils ont des failles, sont plus humains et j’adore cela. Dès le premier épisode par exemple, Hélène se réveille avec une gueule de bois monumentale, en ayant oublié tout ce qu’elle a fait le soir précédent après s’être réfugiée chez Balthazar. Lui s’amuse beaucoup de la confusion qu’il perçoit chez elle et en joue un moment. Cela crée entre eux des moments assez drôles que j’ai adoré interpréter. Travailler sur la perte d’équilibre était vraiment intéressant. Et la fin de la saison est totalement dingue !
Comment évoluent ses rapports avec Balthazar ?
Dans la première saison, ils se séduisaient tout en s’agaçant. Pour la deuxième, l’attirance est plus évidente et j’aime à penser que nous penchons vers une tension sentimentale et sexuelle beaucoup plus palpable. Ces nouveaux rapports ont apporté beaucoup plus dans les sous-textes. Pour nous, c’était très intéressant à jouer parce que derrière les paroles, nous nous disions beaucoup plus que ce qui était écrit.
Comment s’est passé le tournage ?
Il a duré plus longtemps puisque nous avons tourné dix épisodes au lieu de six. Avoir l’occasion de jouer autant de choses est extraordinaire et j’ai acquis grâce à cette série une grande capacité de mémoire et de concentration. J’ai rapidement retrouvé mes marques et comme ce personnage commence vraiment à me ressembler, je me le suis totalement approprié. J’étais ravie de retrouver mes partenaires. Yannig Samot, qui joue mon coéquipier, est une personne très importante sur ce tournage. C’est mon ange gardien, mon Jiminy Cricket. Il fait rire tout le monde. Avec Tomer, nous sommes très différents : il apprend son texte le matin au maquillage et a besoin d’une seule prise ; il m’en faut quatre minimum pour commencer à être bien alors que je connais mes répliques sur le bout des doigts ! Au départ, il a eu du mal à accepter que je ne sois pas une machine comme lui. Il met d’ailleurs une pression folle à tout le monde. C’est très agaçant mais il a souvent raison dans ses commentaires et il apporte énormément à la série. Balthazar, c’est lui !
Il a réalisé un épisode. Quel metteur en scène est-il ?
Tomer est un acteur extrêmement exigeant, charismatique et difficilement accessible. Je pensais que ce serait pire en tant que réalisateur et j’ai eu peur de ne pas être au niveau qu’il exigerait. Mais lorsqu’il est passé à la mise en scène, il est devenu enrobant, doux, chaleureux et paternaliste, sans faire preuve d’autorité. Il est toujours aussi exigeant mais en douceur. C’est un autre homme.
Gardez-vous le souvenir d’une scène en particulier ?
Je me suis fait une grosse frayeur lors du tournage de l’épisode à la montagne. Nous sommes allés dans un endroit uniquement accessible en hélicoptère. Avant le départ, on nous a prévenus qu’une tempête arrivait. Nous sommes donc partis en équipe réduite avec l’obligation de terminer avant 16h, faute de quoi l’hélicoptère ne pourrait plus venir nous chercher ! J’avais beaucoup moins envie d’y aller… Une fois en haut de la montagne, plus je stressais, plus j’avais froid et plus je sentais ma gorge se nouer. Prise de panique, je me suis tournée vers Tomer. D’un calme olympien, il m’a regardée comme s’il avait fait ça toute sa vie et m’a rassurée. Ça s’est calmé au bout de 5 minutes. Il a été extraordinaire. Lorsque le pilote de l’hélicoptère a annoncé qu’il fallait redescendre, j’étais la première dans l’appareil ! Je me souviens aussi d’une scène où j’ai dû courir dans une mare pleine d’eau croupie. Je ne me suis pas posé de question sur le moment mais le lendemain, j’avais des boutons partout. J’ai regardé sur internet et je n’aurais pas dû : j’ai cru que j’allais mourir dans d’atroces souffrances après tout ce que j’avais lu ! En fait, toute l’équipe en avait eu et il s’agissait probablement de simples piqûres d’insectes.
Quels sont vos projets ?
Je pars tourner le prochain Coup de foudre. Je suis ravie parce que je retrouve le réalisateur Jeremy Minui, qui a déjà réalisé trois épisodes de Balthazar et que j’adore. Le film raconte l’histoire d’amour naissante entre une femme de 40 ans et un homme de 15 ans son cadet, tout cela sous le soleil de l’île Maurice. Impossible de refuser une telle proposition !
INTERVIEW : Aurélie Binoist