Interview ! Les criminels de "The Blacklist" : David Costabile

Pouvez-vous nous décrire votre personnage et ses accolytes ?
Le docteur Linus Creel est un psychiatre engagé dans une croisade. Cela fait sept ans qu’il tente d’identifier les facteurs déclencheurs chez ceux qui ont le gène du guerrier. Il observe ses patients jusqu’à ce qu’ils passent à l’acte et assassinent d’autres personnes. Son objectif est alors de convaincre les autorités qu’il est capable de guérir ces criminels mais il prêche dans le vide parce que personne ne le prend au sérieux.
Tout a commencé par une initiative du gouvernement, avant qu’il ne poursuive ses efforts en solitaire quand le programme a été arrêté. Nous le voyons à l’œuvre quand ils tombent sur lui. A ce moment-là, il est à fond dans ses recherches. Cela finit par une confrontation avec un sénateur, puis le FBI. Les choses tournent mal, surtout pour lui.
Où cela se passe-t-il ?
Je suis certain que c’est à Washington.
Peut-on dire qu’il estime que certaines personnes sont des criminels qui s’ignorent, et qu’il suffit de les manipuler ?
Selon lui, il existe une configuration génétique qui produit ce que l’on appelle le gène du guerrier. Il veut identifier les porteurs de ce gène et trouver la manière de le stimuler, afin de mieux le neutraliser.
Ca n’a rien de répréhensible. Il doit manigancer autre chose…
Le problème, c’est qu’il ne parle à personne de ce qu’il fait réellement, c'est-à-dire aller à la rencontre de personnes qui sont sur le point de basculer. En gros, il les encourage, par le biais de thérapies comportementales, à assouvir leurs instincts meurtriers. Son objectif est de trouver le moyen de les guérir de cette pulsion, afin de les empêcher de passer à nouveau à l’acte, et de faire la démonstration de sa théorie. Il crée un nouveau domaine d’étude scientifique dans le but de se faire entendre.
Est-il fondamentalement mauvais ?
Disons que je pense qu’il fait fausse route. Son comportement est-il criminel ? Sans aucun doute. Mais ce n’est pas un criminel ordinaire. Si vous le croisiez dans la rue, vous ne soupçonneriez pas une seconde qu’il se livre à des expériences de ce genre. Il a mis sa conscience en sourdine pour atteindre un objectif qu’il pense être honorable, mais il s’est fourvoyé. On ne peut pas encourager les gens à tuer, à révéler leur vraie nature.
Pourquoi votre personnage est-il dans le collimateur de Reddington ?
Reddington, dont le chemin ne croise jamais celui de Creel, laisse entendre que le gouvernement s’est livré à des tentatives de manipulation mentale, et suggère que plusieurs morts inexpliquées à Washington sont liées à cette expérience psychologique secrète. Les enquêteurs pensent que je suis le fil conducteur entre tous ces meurtres.
Comment vous êtes-vous préparé pour le rôle ?
Il y avait plusieurs indices dans le scénario, qui évoque fréquemment sa trichotillomanie, c’est-à-dire le fait d’arracher ses propres cheveux. Cette angoisse profonde et les mécanismes de défense qu’il s’est construits l’empêchent d’être un excellent professionnel. Quand il soigne les gens, il a l’air normal. C’est cette pulsion, cette façon de s’automutiler et de se défigurer, qui étaient selon moi la clé du personnage. Comment trouver l’équilibre entre un esprit logique et lucide, et des actes qui ne manqueraient pas de l’interpeller s’il en avait conscience ? Il est vraiment au bout du rouleau. C’était fascinant d’alterner entre ces deux extrêmes en endossant ce rôle.
Dans une longue scène avec lui, Liz fait semblant d’être au bord de la crise de nerfs. Elle se fait passer pour une patiente, et il est manifeste qu’il est très bon dans ce qu’il fait. Elle brode autour de sa propre vie pour se faire passer pour une autre.
Pensez-vous que quelqu’un réussira un jour à être plus rusé que Reddington ?
Si les scénaristes le décident. Mais cela signerait l’arrêt de la série, donc je ne le pense pas.
Qu’est-ce qui explique cette fascination pour les rôles de méchants ?
Ils sont extraordinaires. La première fois que j’ai tiré sur quelqu’un dans une série, Damages, j’étais ravi ! C’était génial. Je jouais un type barbu et j’ai pu tuer un ami à moi ! On rêve souvent d’être quelqu’un d’autre, quelqu’un de plus audacieux, de plus intelligent que tout le monde et qui se tire indemne de n’importe quelle situation.
Comment s’est passé le tournage de The Blacklist ?
Je me suis vraiment amusé. Ils savent parfaitewment ce qu’ils font, et les choses avancent très vite. Tourner à New York n’est pas évident, parce qu’il y a énormément de choses à gérer, c’est noir de monde et certains ne s’écartent pas de votre chemin !
Comment vous sentiez-vous sur le plateau ?
Vraiment très détendu. C’est l’occasion de faire des choses que l’on n’a jamais faites. J’ai reçu une balle dans la tête, avec un petit appareil télécommandé que je portais sous mes vêtements pour faire gicler le sang. C’était assez marrant.
Apparemment, on ne reverra plus le docteur Creel…
Sauf s’ils le ramènent d’entre les morts !