Interview ! Les criminels de "The Blacklist" : Faran Tahir

Combien de langues parlez-vous ?
L’anglais, une fois que j’ai bu mon café. L’ourdou, l’autre langue officielle du Pakistan. L’hindou, et le panjabi, le dialecte commun à l’Inde et au Pakistan. Je les parle couramment, et je comprends aussi l’arabe et – un peu – le persan.
Parlez-nous de vos origines et de votre enfance au Pakistan…
J’ai la chance – ou la malchance – de faire partie de la quatrième génération d’artistes dans ma famille. Mon frère est un peu la brebis galeuse, parce qu’il est devenu comptable ! Tous les autres sont acteurs, réalisateurs, écrivains… Nous avons ça dans le sang. A table, on ne parle que de cinéma, de théâtre et de littérature. Mes parents sont acteurs l’un et l’autre. Mon père dirigeait le Théâtre national, dans les coulisses duquel j’ai littéralement grandi. Il a aussi été directeur des programmes de la télévision pakistanaise. Ma mère a animé une émission de radio pendant 35 ans, et mes grands-parents écrivaient des pièces. Une des pièces de mon grand-père fait d’ailleurs partie de celles qui se jouent le plus en Asie du Sud et au Pakistan. Ca fait longtemps que nous baignons dans cette ambiance, et nous restons fidèles à notre passion.
Quel est votre personnage et quels sont ses crimes ?
Quand on m’a offert le rôle, je me suis dit qu’il était vraiment bien écrit, et j’ai regardé la liste des guests. La plupart, comme Alan Alda, ne font pas ça pour faire parler d’elles mais parce que cette série est vraiment spéciale. Elle est très ambitieuse, et cela se voit dans le scénario. C’est ce qui m’a poussé à incarner ce personnage. Même si ses actes sont criminels, ses motivations ne le sont pas. Il est plus qu’un simple « méchant ». Quand vous créez ce genre de personnages, il est très facile d’en faire un cliché : un type qui ne vit que pour faire le mal. Mais dans ce cas précis, on peut comprendre ce qui le pousse à agir de la sorte.
Qui est-il ?
Il est Ouzbek, avec des origines russes. Il fait partie d’un groupe qui se bat contre le gouvernement et les grandes entreprises ouzbeks parce qu’un oléoduc pollue leurs ressources en eau, ce qui a déjà fait des victimes. Son propre frère en est mort. Il se sent totalement impuissant, jusqu’à ce qu’il finisse par enlever les Pdg de ces sociétés pétrolières afin que l’on s’intéresse enfin à ce problème.
Il s’est désormais engagé sur la voie de la violence et Reddington, Liz et Ressler pensent qu’il est vraiment méchant, avant de comprendre qui il est. Reddington lui dit que ce qu’il a fait est fantastique, mais qu’il devra en payer le prix. En revanche, une fois qu’il aura accompli ce qu’on lui demande, il pourra quitter le pays. La plupart des blacklistés sont des assassins, mais Ruslan s’en tire avec la vie sauve.
Pourquoi votre personnage est-il dans le collimateur de Reddington ?
Il a kidnappé un agent de la CIA. Reddington comprend qui il est parce qu’ils se connaissent déjà, et quand il fait appel à Liz et Ressler, et qu’ils se rendent compte qu’il n’agit pas pour s’enrichir mais pour des raisons plus désintéressées, ils le laissent aider son peuple. C’est cette complexité qui m’a donné envie de jouer cet homme qui n’est ni tout blanc ni tout noir.
Comment vous êtes-vous préparé ?
J’ai commencé par me documenter sur l’histoire de l’Ouzbékistan, qui a longtemps été sous le joug soviétique. Différentes factions se disputent le pouvoir, et on ne sait jamais très bien qui est avec qui. J’avais aussi envie de montrer l’humanité du personnage. Il peut abattre un homme froidement, mais sait aussi faire preuve de générosité et ne pas s’apitoyer sur son sort.
Pensez-vous que quelqu’un réussira un jour à être plus rusé que Reddington ?
C’est une très bonne question. Je pense que cela donnerait matière à un excellent épisode. Ici, Reslan devient son allié : il l’aide à faire libérer l’agent de la CIA. En échange, Reddington négocie pour lui. Mais je serais vraiment très curieux de voir quelqu’un triompher de Reddington !
Qu’est-ce qui explique cette fascination pour les rôles de méchants ?
Ca vous permet d’arrêter de vouloir prouver que vous êtes un type bien. C’est un sentiment délicieux. Vous êtes enfin libre de faire ce que vous voulez ! Il faut arriver à incarner ce côté négatif de la liberté, et trouver la clé du comportement des personnages de méchants. Les héros ont besoin d’un adversaire à leur taille. Tout l’intérêt d’une toile naît du contraste entre l’ombre et la lumière. Ici, le principe est le même : la lutte entre l’antagoniste et le protagoniste.
Parlez-nous de l’équipe de The Blacklist...
Ils étaient adorables, et je ne dis pas ça comme ça. Chacun pouvait contribuer à l’édifice, ce qui crée des liens très proches pendant le tournage, même s’il ne dure qu’une semaine ou deux. Ils étaient tous très concentrés, pas sur eux-mêmes mais sur la meilleure manière de tourner la scène ou d’améliorer le scénario. Tout le monde avait vraiment envie de participer, et de se dire les choses librement, en étant à l’écoute des autres. James est un acteur extraordinaire, et il se donne à 100%. Il a le souci du détail, et il est ouvert à toutes les suggestions. « Est-ce qu’il y a des choses qui te posent problème ? » « Je peux t’aider ? » C’est formidable, pour un acteur, d’entendre ça. En gros, j’ai travaillé avec James, Megan et Diego, et j’ai trouvé ça très stimulant.
Comment s’est passé le tournage ?
On avait la chance de travailler avec Andrew McCarthy. C’est un excellent réalisateur parce qu’il est aussi comédien. Il ne cherche pas à vous faire une dissertation sur le personnage. Il vous donne simplement quelques indications et vous fait confiance pour que vous donniez le meilleur de vous-même. Tout le monde était super concentré grâce à lui.
Reverra-t-on Ruslan ?
Ca me semble tout à fait possible. On ne sait jamais. En tout cas, c’est un des seuls à s’en être tiré. Peut-être pourrait-il devenir l’un des assistants de Red, et se lier d’amitié avec lui, ce qui permettrait à Red d’avoir quelqu’un sur qui compter quand il est dans une situation délicate. En tout cas, ce serait un rebondissement intéressant !
Quelque chose à ajouter ?
La série entre dans sa deuxième saison, et quand on regarde tous ceux qui ont participé à l’aventure, cela donne une idée de sa qualité et de son ambition. The Blacklist est rapidement devenu un phénomène, et le marketing n’y est pour rien. C’est une grande série, j’adore la regarder. Et puis, qui sait, peut-être Ruslan reviendra-t-il dans une prochaine saison…