Comment avez-vous fait la connaissance d’Elisabeth Vallorta, le personnage que vous incarnez dans Demain nous appartient ?
J’ai fait la connaissance de mon personnage au fur et à mesure de l’écriture. Je l’ai vu grandir comme on regarde grandir un enfant qui a commencé à parler, à marcher et à s'exprimer.
Qu’est-ce qui vous a plu dans le personnage d’Elisabeth Vallorta ?
Quand on me demande de définir mon personnage, il y a deux adjectifs qui me
viennent en tête : paradoxal et complexe. Ce n’est pas un personnage
facile à interpréter dans le sens où on la considère comme méchante. Pour jouer
j’ai toujours besoin d’aimer un personnage. Ce qui m’a déplu a fini par me
plaire. Ce qui m'a plu, c’est d’essayer de comprendre et
aller vers ce personnage qui pourrait ne
pas être apprécié par sa gentillesse. Je suis parvenue à aimer ce personnage,
car Elisabeth Vallorta c’est la face caché de l’être humain. Elle est le revers
de la médaille et le reflet de tout être humain.
Elisabeth Vallorta
est un personnage fort. Elle a un lourd passé, elle vient de la grande
bourgeoisie et elle fait bonne figure. Comment on endosse un tel rôle ?
J’ai de la compassion et de la bienveillance pour ce personnage. Je lui pardonne, je
la comprends. J’ai deux fonctionnements vis-à-vis d’elle. Il faut avant tout la
comprendre. Sa vie n'a pas été facile. On ne s'en souvient pas, mais dans l’explosion, elle a
perdu son amant avec qui elle a vécu pendant de longues années… Elle a perdu un
fils, mais l’autre est en APHP, son mari n’est pas tendre avec elle. Elle est
complexe à cerner.
En ce moment, votre
personnage est au cœur de l’intrigue. Eddy a été reconnu responsable de la
double explosion entraînant la mort de Lyes Beddiar, votre mari s’est fait
tirer dessus. N’est-ce pas le revers de la médaille pour les Vallorta ?
Non, je pense que c’est une évolution. Je pense que la roue tourne pour tout le
monde même s'ils n’ont pas une vie facile. On le voit, lors des déjeuners, il
y a une ambiance de plomb. Cette relation avec ma belle-fille qui vit avec
nous, c’est comme si on était fractionnés. On est des petits morceaux les uns à
côté des autres. Chacun a une vie qui est séparée de l’autre. Ça ne veut pas
dire qu’il n’y a pas de tendresse, mais il y a beaucoup de procès entre eux.
En parlant de votre
belle-fille, Flore Vallorta (incarnée par Anne Caillon), les relations ne sont
pas au beau fixe entre vous deux…
Avec Anne Caillon, nous sommes amies dans la vie. Dans la série, la
relation avec Flore change toutes les cinq minutes. Tantôt elle s’entraident, elles
se soutiennent, ensuite, elles s’envoient des piques insupportables, elles sont
rivales. Et en même temps, elles ont des points communs : Flore se bat
pour son fils, moi je me bats pour le mien, qui est en APHP, et puis nous avons
Fabrice, en commun, qui est mort. Les deux personnages sont liés. C’est une espèce
de « Je t’aime moi non plus » entre elles deux. C’est
une relation complexe. Et en même temps, dans cette maison où il n’y a que des
garçons, il y a un soutien mutuel féminin, il y a un lien…
Elisabeth n’aurait-elle
pas envie de s’émanciper ?
Si la question s’adresse à l’actrice, j’ai envie de répondre que oui. Ce que je
voudrais dire à Elisabeth à l’heure actuelle, c’est « fais tes choix et
des choix qui te concernent pour ta vie à toi », chose qu’elle n’a jamais
su faire. Elle a tenu son rang, elle a accompagné son mari, elle a fait
deux enfants, mais sa vie n’est pas extraordinaire. J’ai l’impression qu’elle a
mis tous ses rêves dans une cocotte bien fermée par un couvercle. Maintenant,
je pense que son envie d’émancipation gronde. C’est pour ça que je pense qu’Elisabeth
est représentative de chaque être humain. Elle y pense et à un moment donné, il
faut faire des choix. Mais personne d’autre qu’elle ne peut les faire. Je lui
souhaite de faire les bons choix et de sortir de son périmètre de sécurité pour
s’émanciper. Je suis sûre qu’elle a plein de qualités extraordinaires qu’elle n’a
pas encore exploitées. Elisabeth n’est pas une femme résignée, elle est
simplement secrète. J’aimerai qu’on porte de l’amour à ce personnage. Car ça n’a
pas été filmé, mais au début, elle a quitté Léonard pour son amant. On est venu
la rechercher donc elle est résisignée en menant une double vie. Va-t-elle faire
le bon choix pour sa vie ?
Comment s’est
déroulée votre arrivée à Sète ?
Formidable ! On s’attend un peu à tout, mais ce qui est étonnant, c’est
que c’est une vraie chorale. On est plus de 200 si on compte tout le monde, et
il y a une énergie qui nous porte et qui est positive. J’ai rarement vu cela.
Vous connaissiez les
acteurs ?
Bien sûr ! J’ai déjà joué avec Anne Caillon dans le film « Le Dirlo »,
et Ingrid Chauvin dans Dolmen. J'ai joué avec le père d'Alexandre Brasseur. Sur le plateau, l’ambiance est formidable, on rit
beaucoup. Chaque acteur aide son partenaire, les équipes sont soudées, on
travaille avec tous les gens de l'équipe. C’est un bonheur d’aller
travailler.
Que nous réserve
Elisabeth dans Demain nous appartient ?
Elisabeth Vallorta va montrer des côtés encore plus surprenants. Mais n'oubliez pas, on a tous une Elisabeth Vallorta en soi !