Interview spéciale rentrée – Anne Caillon (Flore Vallorta) : « J’ai été traumatisée à mon spectacle de fin d’année… »

Quel est ton meilleur souvenir de rentrée des classes ?
J'ai toujours adoré la rentrée des classes. Pour moi, c'était le moment où on achetait une tenue de rentrée. Quand tu arrivais à l'école avec ta nouvelle tenue, c'était la folie, notamment la rentrée en sixième. On rentrait dans la cours des grands, c'était complètement fantastique. On allait pouvoir embrasser les garçons... c'était génial (rires).
Et ton pire souvenir de rentrée ?
Une coupe de cheveux complètement ratée. Tous les ans, j'allais chez le coiffeur avant la rentrée et une fois j'avais demandé les cheveux courts, et j'étais comme rasée. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, c'était horrible. Je n'avais plus du tout envie d'aller à l'école, c'était horrible. J'étais laide et je ressemblais à un garçon, terrible terrible ! Depuis, je ne veux que des cheveux longs.
Qu'est-ce que tu appréhendais le plus à chaque rentrée ?
Pas grand chose. J'adorais l'école en réalité. En grandissant un peu, j'avais la crainte de ne pas être aimée. Quand des groupes se forment qu'on devient adolescents, les enfants deviennent cruels. A l'école, j'avais la peur de ne pas être aimée. J'étais plutôt chef de groupe à la petite école. Après, tout le monde grandit, il y a moins de groupe. Les gens se retrouvent plutôt à deux ou à trois et j'appréhendais ça. Dans la cour de récréation, j'avais peur qu'on parle sur moi. Je crois que j'étais un peu parano (rires).
Dans la classe, tu étais plutôt au premier rang, au milieu, au fond ?
J'étais au premier rang. J'étais assez bonne élève, assez scolaire en plus. Je n'étais pas rebelle à l'époque.
Ta matière préférée à l'école ?
C'était le français. J'aimais beaucoup lire les textes classiques. J'étais assez assidue, pourtant j'ai fait un bac scientifique, à mon grand regret.
La matière que tu détestais le plus ?
Les mathématiques, évidemment ! Je n'étais pas une matheuse. En plus je suis passée de l'école privée à l'école publique, alors dès que je suis arrivée en seconde, je suis passée 33è sur 33 en maths. Et j'ai quand même fini par faire un bac scientifique. Mais je n'avais pas le cerveau fait pour. Pas du tout (rires).
Y'a-t-il un professeur qui t'a marqué plus qu'un autre ?
Oui. J'ai le souvenir d'une professeur de français en quatrième/troisième. Elle était passionnée de cinéma et je trouve qu'elle ouvrait la littérature à la modernité. Je me souviens qu'on avait vu le film "Amadeus" toutes les deux et on en avait discuté pendant des heures. J'ai trouvé cette femme passionnée et très vivante. Elle ne nous apprenait pas la littérature de façon classique et ennuyeuse et je l'ai trouvé formidable. J'avais un grand attachement pour cette femme.
Et un professeur qui t'a marqué négativement ?
Une professeur d'anglais. J'étais assez bonne en anglais et c'était une femme très sèche, dure. Je me souviens qu'elle tapait du poing sur la table, elle me faisait beaucoup rire. Dans son cours, on n'avait jamais le droit d'avoir 20, même si on avait tout bon aux verbes irréguliers parce qu'en anglais ce n'était jamais parfait, car on n'avait pas le bon accent. J'étais frustrée qu'à l'écrit elle me mette un 19 quand j'avais tout bon. Malgré cela, elle m'a donné des bonnes bases car l'enseignement des langues est assez minable en France je trouve, donc elle m'a donné des bases extraordinaires bien qu'elle m'ait traumatisée (rires). Mais je parle assez bien l'anglais aujourd'hui, donc je suis assez contente.
A l'école, tu étais plutôt sérieuse ou dissipée ?
J'étais très sérieuse jusqu'en seconde et lorsque je suis arrivée à l 'école publique, j'ai découvert ce qu'était la liberté : c'était possible de ne pas aller à la cantine, aller boire du champagne dans le parc de Sceaux était devenu possible. On va dire que pendant six mois, j'ai fait n'importe quoi. J'ai découvert les garçons, je pense que j'ai pété un plomb (rires). J'étais relativement bien éduquée, donc j'avais quand même des limites. En fait, j'e n'ai pas supporté de devenir une mauvais élève alors que j'étais brillante, donc je me suis reprise en main quelque temps après, et c'était beaucoup mieux. Je n'aime pas l'échec !
Tu as connu les heures de colle ?
Pas trop. En revanche, j'ai connu l'exclusion. J'avais une grand-tante qui était assez rock'n'roll : une ancienne mannequin qui fréquentait les boîtes gays et elle m'avait acheté des cartes à jouer aux invalides où il y avait des jeunes femmes peu vêtues dessus. Je lui avais fait acheter ces cartes, car je pensais que c'était des hommes et en fait pas du tout ! Ce n'était que les dames qui étaient nues. Du coup, je me suis rendue dans mon école privée avec ces cartes-là et il y a eu de la délation. Quelqu'un l'a su et l'école ne l'a pas supporté. Je me suis fait renvoyer de l'école et l'une des bonnes sœurs m'avait dit : 'Si ça ne tenait qu'à moi, je vous aurais renvoyé d'office de l'école'. Le poids de la culpabilité était terrible !
As-tu le souvenir d'un spectacle de fin d'année ?
Oui ! Il y avait trop de filles dans ma classe et on faisait un spectacle de danse et je devais faire le garçon, car il n'y avait pas assez de filles. J'ai trouvé ça très traumatisant. Justement parce que j'avais les cheveux courts, je faisais un garçon. J'étais extrêmement vexée et attristée de jouer le garçon et de danser avec une fille. Ça m'avait saoulée. Mes parents trouvaient ça mignon. Ils ne comprenaient même pas ma peine.
Sur tes bulletins scolaires, on disait d'Anne qu'elle était...
... Bonne élève, mais peut mieux faire. J'avais tendance à m'asseoir sur mes acquis.
Une classe que tu as préféré plus qu'une autre ?
Je dirais la sixième/cinquième. J'aimais bien apprendre et j'avais l'impression qu'on élargissait le prisme des possibilités. On avait plein de professeurs différents, on bougeait de classe. J'ai beaucoup aimé cette diversification.
Un dicton qui résume tes années scolaires ?
Pierre qui roule n'amasse pas mousse (rires). Arrête de rouler et pose-toi !
Des souvenirs de ta première histoire d'amour ?
Mes histoires d'amour étaient très platoniques. J'aimais les grands. Je trouvais qu'ils étaient plus beaux, plus intelligents. Il s'appelait Luc. Il était en seconde quand j'étais au collège et on était fans l'un de l'autre. Ce n'était pas de l'amour, mais moi j'en étais persuadée. J'avais le cœur qui battait en rentrant chez moi le soir. C'était ma plus belle histoire d'amour. Après, je n'ai pas eu d'amoureux très tôt. J'ai fait mon premier "bisou langue" avec un garçon que j'aimais pas en disant que j'avais déjà eu plein d'amoureux, ce qui était faux bien évidemment.