Un mot de la productrice, Pascale Breugnot

Un mot de la productrice, Pascale Breugnot
Adaptée d'une série anglaise qui a battu des records d'audience outre-Manche, Doc Martin raconte le quotidien d'un médecin singulier dans un petit port breton. Pascale Breugnot, productrice des 6 épisodes pour Ego productions, évoque les origines et la conception de cette nouvelle série de comédie au ton décalé.

Comment ce projet est-il né ?
Je voulais depuis longtemps parler des régions françaises et des fortes personnalités que l'on peut y rencontrer. Dans les grandes villes, les rapports entre individus sont devenus très policés, chacun parle, s'exprime et s'habille de la même manière... En régions, les gens ont conservé un franc-parler et des relations plus directes que je trouve formidables car plus humaines. En regardant la version anglaise de Doc Martin, j'ai pensé que la série offrait une source formidable d'inspiration. J'y ai vu l'occasion de montrer une petite communauté constituée de caractères bien trempés et originaux. En plus, la comédie offre une liberté de ton exceptionnelle qui n'existe dans aucun autre genre.


Quelles ont été les difficultés du travail d'adaptation ?
Elles ont été multiples. Le mode de vie, la mentalité et l'humour des Anglais sont assez éloignés des nôtres. Nous avons dû trouver notre place et notre identité tout en conservant le côté décalé et la liberté de ton de la série. La médecine se pratique également très différemment en Angleterre mais dans Doc Martin, le métier du personnage principal n'est qu'un prétexte pour rencontrer d'autres personnes. Les relations humaines sont au centre de l'histoire. Enfin, le rythme d'une série de prime-time en Angleterre est différent du nôtre. Il faut beaucoup plus de péripéties pour nourrir un 50' français. Nous avons donc inventé un certain nombre de séquences sur les thèmes développés dans chaque épisode.

Les producteurs anglais vous ont-ils laissé une liberté totale sur cette adaptation ?
Oui. Nous avons respecté la caractérisation de leurs personnages et en avons inventé d'autres. Ils n'ont fait aucune objection sur nos modifications. De toute façon, leurs personnages étaient suffisamment drôles et attrayants pour que nous conservions leurs caractéristiques.


Quelles sont-elles ?
Tous les personnages sont d'un naturel désarmant. Ils vont au bout de leur position, mais toujours dans une seule et unique logique... la leur ! C'est assez jouissif car dans notre société, nous avons rarement l'occasion de dire franchement ce que nous pensons. Nos héros agissent à l'inverse : dès qu'ils ont une idée en tête, ils l'expriment et agissent en conséquence. Ce comportement franc et direct entraîne forcément conflits, frictions et malentendus, qui offrent une source de comédie inépuisable. Mais leurs rapports sont tout en spontanéité et en fraîcheur. Extravagants et obstinés, voire caractériels, ils sont pourtant d'une extrême sincérité et chaleureux les uns avec les autres. D'ailleurs, ils ne font preuve d'aucune méchanceté, et s'ils n'arrivent pas à se comprendre, ce n'est pas faute d'essayer.


Le choix de Thierry Lhermitte s'est-il rapidement imposé à vous ?
Nous avons fait passer beaucoup d'essais mais aucun acteur ne correspondait totalement au rôle. Un jour, notre directrice de casting a pensé à Thierry Lhermitte... et c'est devenu une évidence ! Il avait cet humour, cette distance, mais aussi cette séduction qui correspondaient si bien au personnage. Je lui ai rapidement envoyé les scénarii... et il m'a appelé dès le lendemain, séduit par les textes. Il est un parfait Martin Le Foll ! Et nous avons un très beau casting composé d'acteurs formidables. Donner un rôle à Doudi, révélé grâce à son personnage dans Samantha, oups, m'amusait beaucoup. Dans Doc Martin, je le trouve touchant et magnifique. Quant à Muriel Combeau, connue pour son rôle d'avocate sévère dans Avocats et associés, elle apparaît dans un registre totalement différent qui devrait surprendre les téléspectateurs.


Pourquoi avoir choisi la Bretagne pour accueillir l'action de la série ?
Nous avons fait le tour de France pour trouver un endroit adapté. J'avais à l'origine très envie de tourner dans le Roussillon, une région mal connue alors qu'elle est magnifique, mais nous n'avons pas trouvé de lieu adéquat. Lors de notre visite à Doëlan, renommée Port-Garrec dans la série, nous avons été conquis. Cette ville était magique. Son petit port, beau et joyeux, évoquait celui d'un monde de poupées. On le croirait créé pour un dessin animé. La région présentait également une variété de paysages extraordinaires. Et nous avons eu de la chance pour ce tournage breton : sur 4 mois, nous n'avons pas eu un seul jour de pluie ! Sur place, nous avons reçu la complicité de la municipalité et des habitants qui nous ont très bien accueillis. Ils ont fait de la figuration, nous ont prêté des lieux pour tourner et suivaient l'évolution des personnages avec intérêt. Ils n'ont d'ailleurs pas été les seuls : les mouettes aussi se sont invitées sur le tournage. Leur présence a d'ailleurs posé quelques problèmes aux techniciens du son car il était totalement impossible de les faire taire pendant les prises !


Propos recueillis par Aurélie Binoist

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