Mohamed, éliminé : "J'avais un boulevard pour aller jusqu'en finale"

Dans le dernier épisode, on découvre un Mohamed que l’on ne connaissait pas. Que s’est-il passé ?
Le manque de ma famille était de plus en plus difficile à vivre. Ce n’est pas parce que je ne passais pas mes journées à dire que je vivais mal leur absence que ce n’était pas le cas. Alors quand nous avons compris qu’il s’agissait des lettres, j’ai tout de suite manifesté l’envie de lire le courrier de mes proches. J’étais l’un des seuls à ne presque pas avoir eu de confort depuis le début de l’aventure. J’étais passé à côté du coup de téléphone. Ce qui n’a pas été le cas de Cyril et Maud. D’ailleurs, Maud avait promis de me donner le courrier avec plaisir si elle avait dû le gagner lors d’une épreuve. Je n’ai pas compris pourquoi elle s’est finalement ravisée. Avec Nicolas, nous étions les seuls parents d’enfants en bas-âge. Je ne veux pas dire que les enfants sont prioritaires, c’est juste que j’espérais un peu de compassion de la part de mes camarades. Accepter le tirage au sort était pour moi inconcevable. Je ne voulais pas remettre ce confort au jeu du hasard.
Vous avez eu envie de vous venger en éliminant Cyril ?
C’était beaucoup plus de la déception que de la vengeance. A leur retour sur la plage, je n’ai pas compris leurs choix. D’autant plus que Steeve avait décidé de me donner finalement son courrier. La déception était beaucoup trop forte et j’en ai tout de suite voulu à Cyril que je tenais pour responsable. S’il ne voulait blesser personne, il aurait dû ne ramener que de la nourriture. C’était une question d’équité pour moi. Puis, je savais que ce choix était très stratégique. Cela faisait plusieurs jours qu’il se rapprochait des filles. J’étais aussi très déçu parce que lorsque les rouges ont été en danger, on les a sauvés. Cyril l’a oublié et ne m’a pas soutenu au moment où j’en avais le plus besoin.
Finalement, Cyril a un collier et vous sortez. Lorsque vous apprenez votre élimination, vous dites : “Bravo, c’est bien joué !” C’est plutôt fair-play !
J’ai toujours fait beaucoup de sport et je suis un très bon joueur. Il faut savoir perdre dans la vie. Le coup de poker de Cyril a été très beau, il faut le reconnaître. J’étais loin de m’imaginer qu’il avait un collier. Et s’il ne le sortait pas, il était éliminé. Je ne peux pas lui en vouloir, il a sauvé sa peau. Ça fait partie du jeu. Je lui en veux plus aujourd’hui de ne pas m’avoir ramené mon courrier parce que le jeu aurait été différent.
Comploter contre lui, c’est ce qui a causé votre élimination ?
C’est clairement ce qui m’a coûté ma place ! J’avais un capital sympathie assez important dans le groupe. Tout le monde m’appréciait et mon nom n’était jamais sorti au conseil. J’avais un boulevard pour aller jusqu’en finale. Je regrette d’avoir craqué pour ma famille et en même temps, ce sont des valeurs qui sont importantes pour moi. Je suis resté moi-même et je suis fier de mon aventure.
Pourquoi avoir fait Koh-Lanta ?
Je voulais sortir de ma zone de confort. Je suis quelqu’un qui vit confortablement aujourd’hui. J’ai travaillé dur pour en arriver là et quand je pars en vacances, je suis plus hôtel 5 étoiles que sac à dos. Je suis un bon vivant ! C’était avant tout un défi personnel. Je voulais connaître mes limites et les repousser. J’avais aussi envie de prouver à mon père, avec qui je n’ai plus de rapports depuis des années, que je suis devenu quelqu’un. J’ai appris qu’il aimerait essayer de renouer le contact avec moi. Je ne me sens pas encore tout à fait prêt mais je sais que je vais franchir le cap. C’est quelque chose qui me tient à cœur. Je suis père à mon tour et la famille est au centre de tout ce que je fais. C’est mon équilibre, mon oxygène.
Vous regardez les épisodes avec vos enfants ?
Bien sûr ! Mon fils est super fier de son papa. Sauf quand les bleus ont perdu la première épreuve d'immunité. Il était un peu déçu. C’est aussi mon rôle de lui expliquer que c’est un jeu. Comme dans la vie, il y a parfois des gagnants et des perdants. Il faut savoir l’accepter.
Qu’est-ce que l’aventure Koh-Lanta a changé dans votre vie ?
Koh-Lanta était mon premier défi. Le second, c’était le marathon que j’avais juré de faire avec Frédéric. Sans Koh-Lanta, je n’aurais pas pu le faire. Ça m’a forgé mon mental et ça m’a conforté dans l’idée que tous les défis sont possibles. J’ai aussi aujourd’hui un autre rapport à la nourriture. Je n’aime pas gâcher et je peux manger le même plat, trois jours de suite. La faim a été tellement difficile à gérer dans l’aventure. J’ai perdu 14 kilos !
Qui allez-vous soutenir maintenant ?
Nicolas, parce qu’on partage les mêmes valeurs. Maxime, parce qu’il est l’homme à abattre. Et je n’oublie pas Cindy et Clo, mes anciennes complices bleues.