Thomas Kertez, contremaître dans le milieu nautique et père de famille sans histoire, est soupçonné du jour au lendemain d’être Antoine Durieux-Jelosse, un homme qui a défrayé la chronique pour avoir disparu après avoir tué toute sa famille quinze ans auparavant. Kad Merad incarne ce personnage ambivalent qui crie son innocence.
La télévision permet de s’adresser au plus grand nombre et on y trouve des fictions dignes des films que l’on fait au cinéma. J’étais content de retrouver Christophe Lamotte car j’avais déjà tourné sous sa direction et je trouvais le scénario très fort et efficace. En plus, le rôle est totalement inédit pour moi car je n’avais jamais interprété un personnage qui ne soit pas tout à fait recommandable. Enfin, j’aimais l’idée que l’histoire rappelle un fait divers qui a bouleversé le pays.
C’est la force du film. Il se fond dans la masse. C’est un bon père de famille et un bon mari. Il emmène son fils au football, va chercher sa femme à son travail… C’est également un employé apprécié par son patron. Il ne laisse rien transparaître et, jusqu’aux dernières minutes, l’on se demande constamment s’il est innocent ou s’il cache des choses.
J’ai abordé ce rôle au premier degré. J’ai joué Thomas Kertez le plus sobrement possible pour conserver une part de mystère. Il reste très discret par rapport à son passé. Je me suis accroché à l’histoire d’un homme élevé en Russie qui avait perdu ses parents très jeune et avait eu une existence très effacée avant d’arriver en Bretagne. Il y a une vraie partition à jouer quand Thomas Kertez devient le centre d’intérêt de tout le village et suspect dans les yeux de sa femme. Quand les flics débarquent chez lui, il est vraiment dans l’incompréhension, comme n’importe qui dans ce genre de situation. Réussir à jouer la normalité alors que rien n’est normal demandait beaucoup de subtilité. C’est très intéressant pour un acteur.
Christophe Lamotte a réalisé pour TF1 de magnifiques films qui ont été des succès (Insoupçonnable, Le jour où j’ai brûlé mon cœur…). Il a le sens de la dramaturgie et, en même temps, du quotidien. Il n’est jamais dans l’excès. C’est très agréable de travailler avec lui. Géraldine était parfaite pour incarner cette enquêtrice qui s’acharne et qui consacre sa vie à résoudre ce mystère. On ne sait pas d’où elle vient, ni à quel moment elle va surgir. C’est une grande actrice. Tout comme Laurence Arné que j’avais eu l’opportunité de diriger dans Mais qui a re-tué Pamela Rose ? On la voit trop peu à la télévision. Notre couple fonctionne bien. Le trio entre Géraldine, Laurence et moi est réussi et Christophe y est pour beaucoup.
Nous tournions au milieu de nulle part, près de Paris. Il faisait nuit. C’était une scène assez intense à jouer car Thomas Kertez doit tenir des propos assez difficiles à son fils. Quelques minutes auparavant, je rigolais pourtant avec ce jeune comédien. Les scènes de couple avec Laurence n’étaient pas évidentes. Le jeu des regards est déterminant. On l’a beaucoup travaillé. C’était agréable car nous avons recrée un esprit de famille dans la maison en Bretagne où l’on tournait. J’ai bien aimé la séquence au commissariat avec mon amie russe. Il a fallu que j’apprenne quelques mots dans cette langue. J’aime tenter de nouvelles expériences pour un rôle.
Elle rappelle forcément l’affaire Dupont de Ligonnès. L’histoire de cette famille massacrée est absolument épouvantable. Comme tout le monde, je me demande où est ce type. Peut-être qu’un jour, on va le retrouver mort quelque part ou qu’il aura refait sa vie. Il y a un fantasme incroyable autour de lui.
INTERVIEW Karell Bourgueil