Débat : faut-il en finir avec les cartons jaunes pour les joueurs qui retirent leur maillot ?

Débat : faut-il en finir avec les cartons jaunes pour les joueurs qui retirent leur maillot ?
Lille a demandé à la LFP de retirer le carton jaune infligé à Anwar El-Ghazi, puni après avoir retiré son maillot pour afficher son soutien à Abdelhak Nouri. Depuis 2004, les joueurs sont avertis s’ils enlèvent leur maillot. Pourquoi ? Et posons-nous la question : faut-il revenir sur cette règle ?

La loi, c’est la loi. L’article 12 des Lois du jeu du football est clair. Dans le paragraphe "Célébration d’un but", il est stipulé qu’un joueur qui marque peut exprimer sa joie "sans effusion excessive" et qu’il recevra à un avertissement "s’il enlève son maillot ou s’en couvre la tête". C’est ce qui est arrivé à Anwar El-Ghazi le 6 août avec

L’énorme fail de Forlan, incapable de remettre son maillot


Cette règle a été instaurée en 2004. Nos confrères de

La FIFA n’aime pas les messages


Enfin, dernier argument contre l’enlevage de maillot : la Fifa, dans son habituelle logique de neutralité, ne veut pas que le foot serve à véhiculer de message politique, publicitaire, religieux ou personnel. Plutôt que de faire le tri entre ce qui pourrait être toléré ou pas, elle préfère interdire purement et simplement les messages. Donc, plus question de retirer son maillot ou même de seulement le soulever un peu pour montrer un message.

Chamakh, héros malheureux de Bordeaux


En France comme ailleurs, l’interdiction d’enlever son maillot est donc en vigueur depuis 2004. Et il n’a pas fallu longtemps pour que la première polémique n’éclate. Le 13 février 2005, le PSG accueille Bordeaux en 16e de finale de la Coupe de France. De la tête, Marouane Chamakh ouvre le score pour les Girondins. Problème : le Marocain retire son maillot pour fêter son but, alors qu’il a pris un carton jaune juste avant.

L’arbitre, M. Gilles Vessière, affiche une mine désolée. Il décide d’appliquer le règlement à la lettre et sanctionne Chamakh d’un deuxième carton jaune, synonyme d’expulsion. Et à dix contre onze, Bordeaux finit par craquer en fin de match et en prolongation (3-1 a.p).

L’application systématique peut faire basculer un match


Dans le cas de Chamakh comme dans celui d’El-Ghazi, c’est l’application systématique de la règle qui fait jaser. L’expulsion du Bordelais a eu un rôle majeur dans le scénario du reste du match. Dans le cas du Lillois, il y a l’aspect symbolique – un hommage à un joueur vivant un drame – et l’aspect sportif – l’attaquant risque une suspension s’il prend d’autres avertissements dans les prochains matches – qui entrent en compte.

Le carton jaune d’El-Ghazi remet en lumière ce débat qui commence à dater et qui divise toujours.

D’un côté, il y a ceux pour qui les règles sont faites pour être respectées, car le fait de les contourner ouvre la porte à la remise en question de tout le règlement. Et n’occultons pas le fait qu’un arbitre qui ne respecte pas le règlement à la lettre prend le risque d’être sanctionné.

De l’autre, il y a ceux qui plaident pour un arbitrage plus nuancé, pour des appréciations au cas par cas de la part de l’arbitre.

Un compromis entre la loi et l'humain à trouver


Difficile de trancher, même avec du recul, sur les gestes qui méritent d’être sanctionnés et sur les gestes qui méritent de l’indulgence. Imaginez le même débat dans la tête d’un arbitre en plein milieu d’un match tendu… Pour l’heure, la FIFA n’envisage pas de changer son fusil d’épaule. Il y a peu de chances pour que cette règle soit abandonnée ou modifiée prochainement.

Mais la possibilité que les instances puissent au moins rejuger un carton jaune a posteriori est une première étape vers un football moins robotisé et plus humain.

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