Le jour où la Ligue des champions a changé
Tous
les footballeurs rêvent de la soulever, la coupe aux grandes oreilles. Trophée
ultime pour les clubs européens, il représente la suprématie d’une équipe sur
le Vieux continent. Depuis 1955, la C1 anime chaque saison la rivalité entre
les plus belles équipes. Et au fil des années, cette compétition a connu des changements qui reflètent l'évolution du football moderne.
Une création française
Comme
souvent en matière de compétition sportive, la France est à l’origine de la
création de la C1. Le dénommé Gabriel Hanot, rédacteur en chef du quotidien L’Equipe,
propose en décembre 1954 à la jeune UEFA l’organisation d’un championnat
européen des clubs. En septembre 1955, la Coupe des clubs champions européens
débute avec seize participants. Mais parmi ces clubs pionniers, seuls sept
champions nationaux sont présents : RSC Anderlecht (Belgique), AGF Arhus
(Danemark), Djurgardens IF FF (Suède), AC Milan (Italie), Real Madrid CF (Espagne),
Stade de Reims Champagne (France) et SC Rot-Weiss Essen (Allemagne). A noter
que les Anglais manquent à l’appel pour cette première édition, remportée par
le Real Madrid 4 buts à 3 contre Reims.
L’arrivée des Anglais
Devant
le succès de la première édition, l’UEFA souhaite développer la compétition et
demande à chaque fédération d’envoyer son champion. Et bien que la Football
League anglaise résiste, elle ne peut pas empêcher Manchester United de prendre
part à la Coupe des clubs champions. Vingt-deux clubs participent ainsi à la
deuxième édition, et les Red Devils ne se font éliminer qu’au stade des
demi-finales par l’inévitable Real Madrid. Le club Merengue conserve son titre
en dominant la Fiorentina 2-0 en finale. Mais plus important encore, la C1 est
désormais véritablement lancée avec l’apport anglais, grand absent de la
première édition.
La Coupe devient la Ligue
En
1992, la Coupe des champions devient la Ligue des champions. Au début, ce
changement de nom se contente d’intégrer une phase de groupes avant le tableau
final. Toutes les rencontres ne sont donc plus à élimination directe. La France
profite de ce nouveau système pour remporter sa première Coupe aux grandes
oreilles avec l’OM en 1993. Mais le principal changement apporté par la Ligue
des champions allait finalement avoir lieu en 1997. Une véritable révolution.
1997, le tournant
Comme
son nom l’indique, la Ligue des champions, anciennement Coupe des clubs
champions, n’accueille que les champions nationaux et le tenant du titre. A l’origine,
cette règle n’a pas pu être appliquée à la lettre afin de lancer la compétition,
mais très vite l’UEFA a pu imposer ce ticket d’entrée indispensable. Sauf qu’en
1997, l’UEFA ouvre également les portes de la C1 aux deuxièmes des huit grands
championnats européens. Cette mesure, ajoutée à l’arrêt Bosman en 1996, favorise
la domination desdits grands championnats. A tel point que depuis, aucun club
issu d’une autre nation que l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne ou l’Angleterre n’a
atteint la finale de la Ligue des champions. Sauf en 2004 avec la finale entre
le FC Porto et l’AS Monaco.
Vers une ligue fermée ?
Depuis
1997, la Ligue des champions n’a de cesse d’élargir son accès aux grands
championnats en leur permettant de qualifier de plus en plus d’équipes. Cette
évolution visant à proposer le maximum d’affiches entre clubs prestigieux a aussi
pour effet d’ostraciser les représentants de championnats mineurs. Pour la
période 2018/2021, les quatre pays les mieux classés à l’indice UEFA bénéficieront
de quatre places garanties en phase de groupes de la C1. La plus grande
compétition de clubs de foot se dirige lentement mais sûrement vers une ligue
fermée qui rappelle le modèle américain. Jusqu’où l’UEFA s’arrêtera-t-elle pour
développer son produit phare ? Pour le moment, l’intérêt croissant pour
cette compétition et les bénéfices générés donnent raison à l’instance dirigeante
du football européen.
Une
question se pose tout de même : la glorieuse incertitude du sport a-t-elle
encore sa place dans cette compétition ?