Kaka : le surdoué devenu "has been"

Kaka fait sans doute partie des joueurs les plus talentueux des années 2000. Elégant, technique, incroyablement rapide balle au pied, le Brésilien possède en plus une personnalité attachante. A la fois miraculé du football et freiné par de nombreuses blessures, Kaka réalise une carrière en deux parties : du firmament aux abîmes. Sa foi inébranlable en Dieu, qu'il n'hésite pas à mettre en avant, caractérise également celui qui a longtemps été un enfant gâté du ballon rond... Avant que son corps ne commence à le trahir. Itinéraire d'un surdoué devenu « has been ».
Dieu m'a donné la foi
De par ses origines, Kaka fait déjà figure de footballeur atypique au Brésil. Il ne vient pas d'une favela, comme tant d'autres joueurs brésiliens, mais d'une famille aisée de la banlieue chic de São Paulo. Ricardo Izecson dos Santos Leite, né le 22 avril 1982 à Brasilia, n'a jamais connu la misère et les fins de mois difficiles. Son père ingénieur et sa mère enseignante lui ont permis de grandir dans un cadre privilégié.
Kaka a non seulement la chance d'être né dans les beaux quartiers, mais il possède aussi un talent inné pour le football. Il intègre ainsi le centre de formation de São Paulo dès l'âge de 8 ans et brille dans toutes les catégories. La sélection brésilienne Espoirs lui ouvre d'ailleurs ses portes alors qu'il n'est âgé que de 17 ans.
Autant de chances à la naissance qui ont peut-être favorisé la foi en Dieu de Kaka, élevé dans une famille évangélique et baptisé à l'âge de 12 ans. Mais un évènement durant sa jeunesse a marqué l'homme pour toujours et renforcé encore sa croyance. Alors qu'il a 18 ans, Kaka est victime d'un accident lors de vacances passées chez ses grands-parents. Il glisse sur un toboggan et se fracture la sixième vertèbre. Un drame qui aurait pu le laisser paralysé à vie, mais dont il sort valide. Kaka est persuadé que Dieu l'a aidé à guérir, et suit encore plus scrupuleusement les préceptes de sa religion. Le Brésilien affirme ainsi s'être préservé jusqu'au jour de son mariage (il avait 23 ans) par foi chrétienne. Sur ce dernier point, il suffit de contempler une photo de son épouse Caroline Celico, ex-top model, pour comprendre jusqu'où peut aller la ferveur de Kaka.
L'irrésistible ascension
A 18 ans, Kaka signe son premier contrat pro avec São Paulo, son club formateur. C'est le début d'une irrésistible ascension qui mènera le milieu offensif au sommet de la planète foot. De 2001 à 2003, il éclabousse le championnat brésilien de son talent. Au pays, les observateurs commencent à le comparer à l'immense Socrates. Doté d'une vision du jeu parfaite et d'une qualité de passe et de frappe impressionnante, Kaka est en plus un faux-lent. Balle au pied, il est capable d'accélérer de façon fulgurante et de déposer n'importe quel défenseur. A 20 ans, il fait logiquement partie de la sélection brésilienne lors de la Coupe du monde remportée en 2002, mais il n'y fait qu'une petite apparition.
Evidemment, Kaka attire très vite l'attention des clubs européens. En 2003, le PSG se renseigne et souhaite enrôler le crack annoncé, sous forme de prêt, pour pallier le départ de Ronaldinho au Barça. Mais c'est un autre ancien Parisien qui plante un couteau dans le dos du club francilien. Leonardo, qui vient de raccrocher les crampons au Milan AC et a intégré la cellule recrutement des Rossoneri, convainc son compatriote de signer en Lombardie. Pour le coup, c'est un transfert sec.
L'épisode I de Kaka au Milan AC ressemble à un rêve éveillé pour le joueur. De 2003 à 2009, le milieu offensif brésilien remporte presque tous les trophées avec son nouveau club. Il confirme ses qualités dès la première saison en participant activement à la conquête du titre de champion (2004). Il termine d'ailleurs cet exercice avec 10 buts inscrits en 30 matches de Serie A et est élu Meilleur joueur étranger du championnat. A titre individuel, les années se suivent et se ressemblent pour Kaka, mais il devra attendre 2007 pour gagner à nouveau. Une année 2007 exceptionnelle, puisque le Brésilien remporte non seulement la Ligue des champions, la Supercoupe de l'UEFA et la Coupe du monde des clubs, mais également le Ballon d'Or ®. Cette année-là, « Ricky » termine meilleur buteur de la Ligue des champions, marquant 15 buts en 10 matches ! Kaka est alors au sommet de son art. Personne ne pouvait imaginer à ce moment-là qu'il s'agissait de son chant du cygne.
La descente aux enfers
Après l'attribution du Ballon d'Or ® 2007, où il devance Cristiano Ronaldo et Lionel Messi s'il-vous-plaît, Kaka réalise encore de bonnes prestations. Mais le milieu offensif est de plus en plus régulièrement gêné par les blessures. Son départ au Real Madrid à l'été 2009 sanctionne plusieurs mois de rumeurs qui envoyaient le Brésilien tantôt en Premier League (Manchester City, Chelsea), tantôt en Liga où le club Merengue souhaitait frapper un grand coup sur le marché des transferts.
Acheté par la Casa Blanca pour la coquette somme de 64 millions d'euros, Kaka ne parviendra jamais à s'imposer au Real Madrid. Ses blessures récurrentes l'empêchent de retrouver son meilleur niveau et les critiques s'abattent rapidement sur lui. Les arrivées de Mesut Özil en 2010, puis de Luka Modric en 2012 n'arrangent rien, le Brésilien voyant la concurrence accrue à son poste. Durant ses années madrilènes, Kaka étoffe tout de même son palmarès d'un titre de champion d'Espagne (2012), d'une Coupe du Roi (2011) et d'une Supercoupe d'Espagne (2012).
L'échec de Kaka au Real Madrid est tellement cuisant que le club espagnol préfère le céder gratuitement en septembre 2013 au... Milan AC. Le salaire astronomique du Brésilien (9 millions d'euros annuels) était devenu une charge trop importante pour un joueur rarement titulaire. Accueilli comme un héros par les tifosis quatre ans après son départ, Kaka n'est malheureusement toujours pas épargné par les blessures. Quasiment dès son arrivée, un problème aux adducteurs le prive de terrain. Grand seigneur, Kaka déclare ne pas vouloir toucher son salaire durant sa période d'indisponibilité.
Kaka a toujours fait preuve d'un comportement irréprochable au cours de sa carrière, ce qui lui vaut le respect et la sympathie de tout le milieu. Il n'a d'ailleurs jamais connu de problèmes relationnels avec ses entraîneurs. Mais pour beaucoup, le milieu de terrain n'est plus désormais que l'ombre du Ballon d'Or ® 2007. Il est aujourd'hui regardé comme un footballeur du passé, et sa participation à la Coupe du monde 2014 au Brésil est loin d'être évidente. A moins que Kaka ne renaisse de ses cendres avec le Milan AC. Sa prestation prometteuse face au Barça (1-1) en Ligue des champions a redonné espoir à ses fans. Comme Kaka, ils doivent garder la foi.