La surprise de Dortmund n'est pas Dembélé : c'est Guerreiro

La surprise de Dortmund n'est pas Dembélé : c'est Guerreiro
Arrivé l’été dernier de Lorient, Raphaël Guerreiro est parvenu à se faire une place dans le onze du Borussia Dortmund, à la surprise générale. Et surtout, à des postes qui ne sont pas les siens.

Il n’a ni la candeur, ni l’imprévisibilité d’Ousmane Dembélé, arrivé, lui aussi, l’été dernier à Dortmund. Son adaptation est plus discrète, moins tapageuse mais tout aussi étonnante. Raphaël Guerreiro, c’est l’autre révélation du Borussia, trois mois, seulement, après ses premiers pas en Allemagne. Avec trois buts et cinq passes décisives à son actif, le Portugais de vingt-deux ans est l’un des hommes forts de Thomas Tuchel, l’entraîneur des Borussen. Son intégration est telle que quelques journalistes allemands se sont déjà livrés à des comparaisons présomptueuses : avec Guerreiro, Dortmund tiendrait, selon eux, son Philipp Lahm ou son David Alaba, deux pièces maîtresses du tout-puissant Bayern Munich.


C’est osé. Et ça l’a été encore plus quand son entraîneur fut invité à s’exprimer sur le sujet, en conférence de presse, quelques jours à peine après ses débuts au club. Tuchel s’était, alors, empressé de corriger cette démesure : « Ne faites pas de comparaisons avec des joueurs du Bayern Munich. » Avant de contribuer, malgré lui, sourire en coin, au buzz autour de l’homme qui combine avec Cristiano Ronaldo avec la sélection portugaise : « Raphaël Guerreiro est en train de devenir mon joueur préféré. »

Reconverti comme milieu relayeur, parfois en attaque

Dans les faits, cette analogie, aussi prématurée soit-elle, porte son fond de vérité. Comme Lahm et Alaba, Guerreiro est considéré comme un défenseur latéral, dévolu au côté gauche. Et, comme eux, il dépanne à des postes qui ne sont pas les siens. A Dortmund, l’ancien Lorientais n’a jamais évolué en tant que défenseur gauche. Depuis le début de la saison, il est ailier gauche, parfois, et milieu relayeur, souvent.

Ce repositionnement comme milieu central est inédit, à croire Anthony Deroin. L’ancien milieu a connu Guerreiro à Caen, notamment en 2011-2012. Le Portugais n’avait, alors, pas encore débuté avec l’équipe professionnelle. « En réserve, il a joué un peu partout mais pas comme milieu axial, nous indique-t-il. Mais je ne suis pas surpris. Il est bon techniquement et il a une bonne vision du jeu. » A Lorient, son dernier club, sa polyvalence se bornait à un match de temps en temps un cran au-dessus, comme ailier gauche, à l’image de ses apparitions avec la sélection portugaise.



En l’espace de quelques mois, Guerreiro s'y est fait, autant par défaut que par habileté. A son poste de prédilection, Marcel Schmelzer, promu capitaine durant l’intersaison, est indéboulonnable à Dortmund. Ses qualités, ensuite, ont suivi : endurance, sens de la passe, capacité à casser les lignes. Ses coups de pied arrêtés sont précieux. En Ligue des champions, face au Legia Varsovie (le 14 septembre, 0-6) et le Real Madrid (2-2, le 27 septembre), ses coups francs ont été à l’origine des buts de Sokratis Papastathopoulos et du contre son camp de Varane. Reste, aujourd'hui, à combiner plus rapidement avec ses complices de l’attaque, comme Mario Götze.

Titularisé face au Real Madrid

Sa contribution a cependant été immédiate. Elle a coïncidé avec le début de la bonne forme du Borussia, troisième de Bundesliga, à quatre points du Bayern Munich, le leader. Lors de sa première titularisation au club, le 14 septembre, les hommes de Tuchel l'avaient largement emporté au Legia Varsovie (0-6), en Ligue des champions. A son crédit ce soir-là, un but et une passe décisive. A l’échelle du début de saison de Dortmund, cette rencontre constitue un tournant. Avant cette victoire, Dortmund avait perdu deux de ses quatre premiers matches. A partir de celle-ci, le club allemand s’est imposé à quatre reprises et a marqué vingt-deux buts en six rencontres. Guerreiro, dans le même temps, a été aligné d’entrée cinq fois sur six. Et a été élu meilleur joueur de la quatrième journée de Bundesliga.

Vu la densité de la concurrence, c’est une énorme performance. Onze joueurs de haut niveau se battent pour quatre places de titulaires aux postes de milieux offensifs. Malgré cela, Guerreiro parvient à être désigné dans le onze de départ lors de rendez-vous délicats, comme face au Real Madrid, en Ligue des champions (2-2, le 27 septembre). Ce jour-là, Guerreiro avait été préféré à André Schürrle, Christian Pulisic, Emre Mor, tous internationaux avec leur sélection, tous relégués sur le banc.

A Dortmund, Guerreiro fait mieux que de répondre aux attentes. Il les surpasse même. C’est un peu le résumé de sa carrière. Plus jeune, le Portugais n’était « pas un crack », selon Deroin. Mais il a gravi les échelons, un par un : la Ligue 2 avec Caen, la Ligue 1 avec Lorient, la Ligue des champions avec le Borussia Dortmund et, bien sûr, cet Euro 2016 remporté avec le Portugal. Deroin éclaire : « Il a toujours pris la mesure du niveau auquel il jouait. » Cela veut dire aussi que personne ne connaît ses limites.



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