Votre nouvel album s’intitule Metamorphosis. Pourquoi ce titre ?
Il y a l’envie de surprendre et surtout une vraie idée : quand un artiste fait toujours la même chose, ça peut lasser le public. Comme j’écoutais de l’électro et du médiéval, la métamorphose a aussi eu lieu dans ma perception personnelle. Certains changements importants dans ma vie privée participent grandement à cette fameuse métamorphose. Je suis obligé d’accepter le changement, parce que le public projette aussi des choses sur ce qu'il perçoit de moi.
Avez-vous peur de la réaction du public ?
Je n’ai pas peur de le perdre, je crains juste qu’il u’il se demande si c'est un choix personnel avec de vraies convictions, ou une démarche plus vénale. La musique que je faisais avant était volontairement imparfaite, avec un côté un peu fragile…
Dans vos clips, la notion de temps est très présente. Qu’avez-vous voulu signifier ?
On ne peut rien faire contre le temps. J’ai voulu intégrer des personnages qui viennent défier le "champion" et le sablier représente le temps qui passe. Il y a une part de mysticité énorme, c’est un profond délire. Il y a d’abord l’appétit pour l’image et la musique est super inspirante pour ça. C’est intemporel.
Le temps qui passe, ça vous angoisse ?
Je suis témoin des changements qui se passent sur moi. Je suis en pleine crise de la quarantaine. J’ai 41 ans depuis quelques jours et je viens d’apprendre le décès d’un pote. Je suis rentré dans l’époque où on commence à perdre des amis. On est tous angoissé par le temps. C’est un truc qui parle à tout le monde.
Ce huitième album est très attendu par vos fans, c’est une
consécration ?
Je suis super content d’avoir la reconnaissance de mon
travail et non du gain. Je me suis préparé pendant 20 ans avant d’aller sur
TF1. Si je devais revenir dix ans en arrière, je ferai la même chose. En
réalité, je ne crois pas que l’on créé notre destin, je pense qu'il est déjà tracé. Si je suis là aujourd’hui, c’est que je devais y
être.
Dans ce nouvel opus, vous mélangez plusieurs langues. D’où vous vient cette culture ?
Je suis un mec instinctif. J’ai été entouré de personnes de qualité et j’ai écouté les gens qui le méritaient. Ma mère est allemande et m’a éduqué en allemand. J’ai appris l’anglais au collège et l’hébreu pour sa musicalité et sa force émotionnelle. A chaque fois que je veux apprendre une nouvelle langue, je retiens les mots essentiels. Tu peux créer une civilisation avec uniquement quelques mots clés. Pendant deux mois, j'ai parlé couramment italien et après j’ai arrêté.
Même après tout ce temps, on a l’impression que vous avez su résister au star-system…
Au départ, je pensais qu’il fallait que je m’adapte aux médias, par mon comportement et même par un look différent. Je me suis rendu compte que ce n’est vraiment pas ce que le public veut. Quand je suis arrivé dans The Voice, je suis resté moi-même. J'ai amené mon univers. Ceux à qui ça ne plaît pas, tant pis.
Maintenant que vous connaissez la célébrité, seriez-vous prêt à retourner jouer dans la rue, comme dans le passé ?
En perdant tous mes privilèges, je serai quand même prêt à retourner jouer dans la rue. Mon seul vrai problème c’est qu’il y aurait cet effet de miroir avec le public. Je suis retourné jouer dans la rue par plaisir, et les gens m’ont tout de suite demandé : "Vous faites la manche ? Ça n’a pas marché avec The Voice ?". Entre la scène et la rue, je pourrais balancer entre les deux. Quand tu joues dans la rue, il y a déjà une poésie, un silence. Tu es face à des gens qui n’ont rien demandé, tu chantes et les gens viennent. Cette magie-là, tu ne l’auras jamais autre part. Je ne vais pas m’arrêter de jouer dans la rue. J’en ai besoin.
Vous avez d’autres envies mis à part la musique ?
Pourquoi pas le cinéma. N’importe
quelle fiction pourrait me plaire, même contemporaine. J’ai fait du théâtre.
J’ai joué dans Don Juan, dans La guerre de Troie n’aura pas
lieu, j’ai bossé aussi dans La légende du Roi Arthur en version
théâtre en 1998. Je ne jouerai pas forcément un truc médiéval où je monte à
cheval comme la série Game of Thrones. Tu me colles dans Paris à l’époque
Victorienne et je suis aux anges.
A qui rêveriez-vous de donner la réplique ?
J’aime beaucoup Clovis Cornillac, Kad Merad et Nora
Arnezeder. J’aurai adoré donner la réplique à Bernard-Pierre Donnadieu. Je suis
en train de travailler sur un dessin-animé, dont la sortie est prévue en 2017,
sous Steven Spielberg. Je vais faire la voix française d’un personnage et la musique
du film.
L'album de Luc Arbogast (Universal Music / Mercury Records) est sorti dans les bacs le 11 novembre.
Par Ingrid Bernard et Marine Madelmond