La semaine de Clément Viktorovitch : "Racaille", "Sauvage", ces termes qui ciblent, sans le dire, la jeunesse d’origine immigrée
Après les événements en marge de la finale de Ligue des Champions, on a entendu beaucoup d’adjectifs pour qualifier les scènes d’agressions aux abords du Stade de France. À l’extrême droite surtout, on dénonce la délinquance d’une « horde de sauvages » venue de Seine-Saint-Denis. « Sauvages » aujourd’hui, « sauvageons » hier, le terme n’a rien d’innocent. On ne peut pas occulter son héritage profondément ancré dans l’histoire de l’esclavage et de la colonisation. Prétendre que les violences du Stade de France seraient le fait de « sauvages », c’est donc sous-entendre que le véritable problème serait l’origine des individus qui les ont perpétrées.
Cette semaine, Gérald Darmanin dans le viseur des Britanniques après le fiasco du Stade de France, a tout fait pour se dédouaner. Il a accusé les supporters anglais, les faux billets, la grève du RER B. Il a surtout fait savoir que la situation n’avait finalement pas été aussi dramatique que cela et ça grâce aux forces de l’ordre. Cette technique porte un nom : le sophisme du pire. Ou comment dédramatiser une situation déjà grave en la comparant avec une situation plus atroce encore. Le problème, c’est qu’en France, après les gilets jaunes, la population s’est habituée à un maintien de l’ordre brutal. Au point qu’en dessous d’un œil crevé ou une main arrachée, on considère que la situation n’était pas si terrible.
Pour répondre à la crise de l’hôpital français, Emmanuel Macron a commandé une « Mission Flash ». Le nom n’a, évidemment, pas été choisi au hasard : avec sa nouvelle mission « flash », le chef de l’État laisse entendre des résultats rapides et radicales. Sauf que la crise est, elle, ancienne.
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